Moonlight – Barry Jenkins

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Je suis allé voir Moonlight sans rien en savoir ou presque. Un peu parce que je ne savais pas trop quoi aller voir, parce que j’avais deux ou trois heures à tuer dans la ville humide et parce que je n’avais aucune envie de me coller dans la file de Lalaland. Ne me demandez pas pourquoi, je ne suis pas un enfant de Jacques Demy. Moonlight c’est l’histoire un peu triste mais jamais larmoyante d’un gamin paumé de Miami, Chiron, que l’on suit de la petite enfance à l’âge adulte, itinéraire d’un gosse pas gâté, un petit black des banlieues tristes, regard dans les chaussettes, mère absente et camée, petit animal blessé qui cherche juste des bras dans lesquels il pourra se réfugier. Il tombe sur Juan le dealer au grand cœur qui l’adopte comme un fils. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille dans les faubourgs de Miami. Fin de la première époque, ellipse majeure.

On retrouve Chiron en ado malheureux en pleine recherche d’identité. Sa mère toujours absente qui flirte avec la folie, les caïds qui s’acharnent sur lui le gamin fragile qui n’a jamais su se défendre et puis les premiers émois inattendus en forme de Raz de marée. Avant la révolte et la mue. Spectaculaire mue.

Dernière époque, on retrouve Chiron en jeune homme. Totalement transformé, bodybuildé, méconnaissable, il est passé de proie à prédateur. Et comme s’il était victime d’une forme de déterminisme cynique, Chiron est devenu dealer comme Juan avant lui. Mais le gamin fragile n’a pas forcément disparu , il a juste renforcé l’armure. Et celui qui sait, pourra retrouver l’enfant qui se cache.

Moonlight est un très beau film, sensible et lent, empli de silences jamais inutiles et de regards chargés. Pas de sensiblerie mais une justesse de ton quelles que soient les époques même si c’est la petite enfance de Chiron qui m’aura le plus charmé. Un beau film universel, tout sauf manichéen. Quel bonheur qu’il nous arrive en ce moment des choses aussi nuancées d’Amérique. On le sait, le pays de l’Oncle Sam est riche et divers, mieux que ça, il se nourrit de sa diversité, quoi qu’en pense le gros porc à poils blonds.

4 réponses à “Moonlight – Barry Jenkins”

  1. Bonjour Emmanuel, c’est Emmanuelle 😉
    Merci pour la revue sur Moonlight que j’hésite vraiment beaucoup à aller voir….bon ben je n’hésite plus alors ?
    E. Dancourt

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