Patrice qui, plus souvent qu’à son tour, a piqué des scoops à ses petits camarades, cette fois veut renoncer à tout crédit sur la plus grosse affaire de sa carrière. La plus grosse de l’histoire du monde. Watergate, à côté, c’est Bernard et Bianca ou La petite sirène.
Ah le bon roman fouille merde, bien ficelé comme un rôti bien gras. J’avais déjà adoré son Kif précédent, une histoire de politiques véreux, véritables margoulins en costard dans le sud de la France, des faux salafistes, vrai pied-niquelés et une Nadine Morano bis plus vraie que nature… Evidemment, son VIP ne pouvait que me plaire, surtout qu’il promettait son lot de gouaille à la Titi rockeur, ses arnaques et autres fourberies de bas étage. Je ne connaissais pas Laurent Chalumeau avant Kif, ou plutôt, je ne me souvenais pas que je l’avais connu du temps du journalisme rock, du temps de Best dans les années 80.
VIP c’est la gueule de bois des présidences foireuses. Prenez Sarko et Hollande, assaisonnez-les à la sauce pipole love-quéquette, casque sur la tête, actrice connue les fesses en l’air et vous avez votre intrigue. Le Président sauterait une actrice. Fiction, fiction, pas de soucis.. Sauf que Patrice, un des paparazzis les plus en vue sur la place a eu le tuyau avant tout le monde et qu’il est en route pour le scoop du siècle, vue imprenable sur les fenêtres du scandale absolu. Oui mais voilà, le scénario n’a pas l’air de se dérouler comme prévu. La starlette est bien là, elle attend son altesse républicaine, mais elle n’est pas seule…et n’a vraiment pas l’air à la fête. De voyeur à la recherche d’une turgescence présidentielle, Patrice est en train de devenir le témoin d’une agression, puis d’un feu d’artifice, dès que le Président se pointe, bientôt cul nu, sur le lieu du crime…
Alors Patrice voit des choses, photographie des choses qu’il ne pourra jamais revendre, du lourd, du trop lourd à porter, du dangereux même. Et de traqueur voyeur, le paparazzi se retrouve dépositaire d’une bombe qui pourrait bien tout faire sauter, à commencer par sa petite tête si on venait un jour à découvrir ses clichés…
Que dire ? VIP aurait pu être un bon vaudeville avec Jacques Balutin dans le rôle du Président, on se serait marrés gras et puis on serait passés à autre chose. Mais là, vu qu’il y a meurtre – Ah oui, je spoile – on passe vite du côté polar de la cause. Affaire d’Etat autour d’un coup de quéquette qui tourne très mal, le VIP de Laurent Chalumeau dissèque les vilains maux de notre société où politique et showbiz ont fini par cohabiter à un niveau jamais atteint. Ça gouaille et ça grince. Ça sourit jaune tant la ressemblance avec des personnages…ça sent la pourriture à tous les étages aussi, notamment au dernier, le plus haut perché. Ça ne donne pas envie, c’est sûr. Jusqu’au fond du slip, il y a quelque chose de pourri au royaume de la République. Lecture de circonstance ? je ne sais pas, j’aurai quand même une petite pensée pour VIP dimanche prochain quand je mettrai mon bulletin dans l’urne…
VIP, Laurent Chalumeau, éditions Grasset.