Quand on se bat pour survivre, c’est qu’il reste de l’espoir. Eux n’en avaient plus. Ils roulaient à bas régime, mollement, d’une semaine à l’autre, la peur au ventre. Peur autour de laquelle on s’installe et on construit sa tanière pour survivre.
Jamie et Jackie dans le désert, sur les routes mêmes que j’ai parcourue il y a une semaine à peine. Putain de décor pour une fuite à la Bonnie & Clyde, l’amour en moins. Quoique…
J’ai dévoré cet Albuquerque, cette course poursuite désabusée, lente et moite, dépouillée comme les paysages qu’elle traverse. Dominique Forma nous entraine dans un noir lent et poussiéreux, cousin moderne des westerns à la Sergio Leone où les sales gueules se dévisagent longuement avant de sortir le flingue. C’est ça Albuquerque. C’est la fin de la cavale forcée pour Jamie et Jackie, eux qui se planquent depuis des années, depuis que Jamie le truand à la petite semaine s’est retrouvé piégé par les gros bras, depuis qu’il les a balancés et qu’il se cache avec Jackie pour ne pas se faire rattraper, protégé sous une nouvelle identité, anonyme oublié, white trash ou presque, gardien de parking à Albuquerque, Nouveau-Mexique, no man’s land ennuyé où il attend résigné, le jour où on le retrouvera.
Et puis le jour arrive. Au petit matin. Contraste instantané entre le rien, le vide du parking, de la vie lente et soudain le flash et la violence.
Jamie et Jackie sur les routes désertes, Jackie qui n’aime plus Jamie, qui menace de le quitter à chaque instant. Et la fuite comme seul horizon.
Il y a de la poésie dans ce roman court et aéré malgré tout, un côté désabusé et généreux, je ne sais pas d’où vient l’espoir mais il est là. Peut-être bien de l’amour finalement. De Jackie qui brille dans les yeux de Jamie comme une fleur de cactus qui pousse au milieu du désert. J’ai vu de la beauté dans le désert, beaucoup. Touché.
L’espoir n’aide en rien. Au contraire, il rouille l’âme et nécrose les sentiments. De là à affirmer que le désespoir redonne le sourire…Entre les deux, l’ennui triomphe.
Albuquerque, Dominique Forma, la manufacture de livres.
2 réponses à “Albuquerque – Dominique Forma”
Je le note! Décidément, La manufacture de livres déniche de vraies pépites…
Pas pour moi, clairement ! Mais j’imagine que cette lecture s’imposait à toi après ton voyage !