Mon meilleur spot, c’est l’ennui. l’ennui est sans doute l’endroit où j’ai trouvé le plus de poésie. Je n’ai jamais eu peur de l’ennui. Je lui voue même une certaine forme d’admiration. Pour toutes ces raisons, je lui devais bien cette inauguration.
Oh, tiens Guillaume Siaudeau publie un recueil de poésie. Je ne devrais pas être surpris. Je ne le suis pas d’ailleurs. Il y a chez l’écrivain de La dictature des ronces ou de Pas trop saignant ce petit truc décalé, gentiment loufoque, qui nous fait dire que le garçon doit parfois être distrait, perdu dans ses songes bien aimables qui le protègent de la vilaine époque – ça y est je parle comme un vieux con – que nous traversons. Siaudeau s’attache toujours à repérer le côté Pierrot lunaire qui sommeille en chacun de nous. Il invente des histoires en marchant maladroitement sur une crête qui hésite entre le rêve et le vrai. Il écrit des fables aux accents poético-comiques.
Et puis là, il se lâche, il y va carrément, il balance un recueil de poésie comme ça, sans prévenir. Alors je me sers un verre pour faire passer l’angoisse – Putain la poésie quand même, pas ma came, quoi…- Et je me lance.
Je n’ai jamais rien compris. A la poésie. Elle me fait peur. Je la regarde de travers. Alors il faut me prendre par la main. Siaudeau sait y faire et commence par remercier « Toutes ces heures plus longues que les autres » et je lève le museau. A l’arrêt comme un épagneul bien dressé.
La suite, 120 petits bonheurs discrets et feutrés, qui font sourire ou qui touchent une petite corde quelque part, des petits bijoux de pas grand chose qui viennent et s’en vont sans prévenir. J’adore, très simplement.
Inauguration de l’ennui, Guillaume Siaudeau, éditions Alma
Une réponse à “Inauguration de l’ennui – Guillaume Siaudeau”
oui ! un vrai régal