Je suis enfin vivante.
J’étais quand même un peu fébrile avant d’ouvrir ce Simple mortelle. Parce que j’avais adoré son Terminus, mon ange, parce que le personnage, Lilian Bathelot, a ce petit quelque chose d’ultra chaleureux qui vous donne envie de vous attarder à table avec lui, de reprendre un coup de rouge pour finir son fromage et un bout de fromage pour finir son verre. Il y a un côté lent chez lui, un versant intemporel et détaché de la mêlée qui vous donne envie de le suivre à l’automne dans son arrière-pays languedocien, quand il chasse le champignon et la belle lumière qui perce les nuages.
Il y avait de l’enjeu, donc, en ouvrant son dernier roman. Parce que je ne voulais pas être déçu, tout simplement.
Lilian Bathelot aime les entre-deux , les anti-héros fragiles, les bandits en cavale qui marchent sur des crêtes. Il aime les âmes en rédemption ou celles prêtes à basculer.
Histoire de Louis. Et de Nicole. Un ancien légionnaire au passé trouble, fils de la montagne et une citadine en quête de vie se croisent un soir d’orage sur une route isolée. Rencontre électrique et tension érotique immédiate. Attraction fatale pour Nicole la sage qui sait bien, dès le premier regard, qu’elle ne devrait pas succomber au charme de l’ours Louis (des Pyrénées).
Chapitres courts et tendus, dialogues fluides, on passe du présent narré par Nicole, amoureuse transie qui ne comprend pas ce qui lui arrive, qui passe sans arrêt de l’exaltation à l’inquiétude, à ce qui se trame autour dans la nuit inquiète, cette agitation diffuse, ces prédateurs de l’ombre qui se rapprochent de Louis et s’apprêtent à l’assaillir.
Simple mortelle est un page turner. Un puzzle qu’on assemble fébrilement, une ligne droite vers l’affrontement au destin implacable. Il y a presque un côté western dans ce roman-là qui alterne lenteur, silences et déluge de feu. Ça canarde sec près de la grotte et les coups de feu résonnent dans la montagne. Avant que le silence ne revienne pour toujours.
Simple mortelle, superbe récit haletant, est aussi le roman d’un amour inconditionnel raconté par une femme qui préfère vivre, quitte à tout perdre. Bathelot vise juste, fait mouche, peint des personnages qu’on ne va pas oublier et nous laisse seuls, un peu sonnés, au milieu de la montagne au calme retrouvé.
Simple mortelle, Lilian Bathelot, La manufacture de livres.