C’est une lecture paresseuse d’un dimanche après-midi lumineux. Café, petit chocolat et digestion lente. Je parcours ce recueil comme j’arpenterais nonchalamment les allées d’une expo désertée.
Sophie Calle, dont bizarrement je ne connaissais pas l’écriture, je dis bizarrement car elle a toujours été là. A travers Paul Auster notamment – parenté troublante avec le Carnet rouge. Univers proches et parfois croisés, thèmes familiers.
Des histoires vraies est une réédition. La 6ème. Work in progress. Des textes courts sont venus enrichir l’œuvre en mouvement. Sophie Calle se raconte à travers des textes courts qui laissent la part belle à l’ellipse et au silence. Petites anecdotes de l’enfance, portraits de fantômes, d’hommes, de chat, de parents qui s’effacent. Une vie remplie, parfois de d’un vide qu’elle accueille et qui devient matière. Il y a quelque chose de très touchant voire de bouleversant dans la simplicité des mots, quelque chose qui ressemble à une vie résumée en 56 photos avec légende inspirée. Elle touche à l’essentiel, va droit au cœur. Elle a épuré, viré les artifices, elle est à nue, pudique malgré tout, elle évoque, elle dessine avec très peu de mots, des portraits inoubliables, celui des dernières fois de sa mère Monique ou de son père. C’est de la poésie du quotidien, quelque chose d’essentiel que j’égrène tranquillement sur le canapé blanc, enveloppé par la lumière enfin revenue, un café fumant à la main et le chat qui ronronne. Le moment est parfait et Sophie Calle est partout.
Des histoires vraies, Sophie Calle, éditions Actes Sud.